Nouvelle parution: Mouchard, des égouts de Marseille

Pour qu’il y ait un débat digne de ce nom, il est nécessaire d’avoir une base de confrontation ne reposant pas sur l’ignorance, la calomnie et l’infamie. Il faut démontrer, en plus de son honnêteté intellectuelle, un sens de responsabilité et de protection envers l’autre interlocuteur. Ce sont des choses essentielles à une éthique anarchiste, qui se veut de protéger, avec le plus grand soin, les camarades de la répression.

Sur le site en allemand « Graswurzel Revolution », nous avons lu un article-scoop signé Lou Marin, dans lequel il est dit que « les nazis dans les forces armées allemandes sont en train de préparer la guerre civile. Dans sa trame inquiétante – capable de mettre dans le même panier les groupes nazis, la bourgeoisie, les forces armées « déviées » disposant de réserves d’armes et d’explosifs mis de côté pour l’heure x » – l’auteur exprime une forte préoccupation face aux mouvements de protestation nés après les mesures anti-épidémie, en Allemagne et ailleurs. Selon lui, en plus de contenir une dérive le plus souvent violente, ces mouvements fomenteraient le projet de la droite radicale, qui dans le contexte actuel pourrait aussi compter sur l’aide offerte par quelques « acharnés socialement », défenseurs de « toute tendance à la violence », « très individualistes », « dotés d’une conscience antisociale », ainsi que d’un « égoïsme acharné »… Oh là là, mais de qui parle-t-il ? Des anarchistes sans paroisses et sans clepsydre historique, ceux qu’il désigne comme anarcho-insurrectionaliste, et qui avec leur « cynisme antisocial et anti-mutaliste » seraient « phénoménologiquement » semblables aux extrémistes de droites américain, les boogaloo boys. La conclusion vient d’elle-même : ces anarchistes, conscients ou pas, sont les véritables alliés de l’extrême droite allemande, car avec leur praxis violente, ils ouvrent la voie à cette guerre civile qui ne fera que le jeu de ceux qui la dirigeront en exerçant un pouvoir absolu.

Alors, si Lou Marin était un des nombreux journalistes ou universitaires non-violents qui sévissent dans la gauche plus ou moins extrême, incapable de saisir la différence entre la guerre civile préparée et défendue par l’extrême droite et la révolution sociale que les anarchistes tentent de faire éclater depuis la nuit des temps, avec tous les moyens qu’elle requiert, ses paroles délirantes pourraient être liquidées avec un grand fou rire. Malheureusement, ce type est considéré comme un « libertaire » (pauvre Déjacque…), peut-être en vertu du fait qu’il étudie depuis des années le lien qui unissait Albert Camus au mouvement anarchiste. Ses recherches lui ont valu l’entrée au CIRA de Marseille, en plus d’être accueillis dans différentes revues et maisons d’éditions anarchistes. Ce qui nous oblige à serrer les dents et à prendre ici la parole.

Dans un sens, les intellectuels avec des allergies subversives façon Lou Marin nous rappellent les « femelles du canton » chantées par Brassens dans sa célèbre chanson Le Gorille. Tant que la Révolte sauvage est en cage, elles la regardent les yeux pleins de désir en imaginant qui sait quelles excitantes rencontres ; mais dès qu’elle fait irruption sur la route, elles s’échappent en proie à la panique, démontrant ainsi qu’elles n’ont absolument pas « de la suite dans les idées ». Mais une idée qui n’est pas incarnée dans la vie n’est pas digne d’être considérée comme une idée, c’est seulement une opinion. Dans le cas de Lou Marin, une opinion pieuse.

 

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